En partenariat avec d’autres composantes syndicales et associatives, les Alternatifs-Ensemble ! ont organisé deux conférences-débats les 27 et 29 janvier au Grand Café Français à Aubenas.
Lors de la première, co-organisée avec l’Association pour l’autogestion, SOLAL et l’Union syndicale Solidaires, et en présence d’une cinquantaine de personnes, notre invité argentin, Andrés Ruggeri, directeur du programme Faculté ouverte de l’université de Buenos Aires, a présenté le travail engagé depuis 2002 et dressé un panorama du processus de récupération d’entreprises par les travailleurs en Argentine amorcé avec la crise de 2001 à la cinquantaine de présent-e-s. Loin d’être un phénomène conjoncturel, le processus s’est poursuivi et a même retrouvé une croissance importante depuis trois ans. Ce sont aujourd’hui plus de 300 entreprises qui ont été récupérées en Argentine et celles-ci poursuivent leur activité en autogestion en innovant dans les formes d’organisation du travail et dans la production. Ce phénomène touche également d’autres pays de l’Amérique latine. Depuis 2007, des rencontres internationales « L’économie des travailleurs » se déroulent tous les deux ans dans le sous-continent, c’est l’occasion d’échanger entre universitaires, travailleur-se-s de ces entreprises et militant-e-s. C’est dans ce cadre que la première rencontre Europe-Méditerranée se tenait les 31 janvier et 1er février à Gémenos dans les locaux occupés de l’entreprise Fralib et qui a réuni des représentant-e-s de travailleurs de Grèce, d’Italie, de Serbie, de l’Etat espagnol et de France, ainsi que d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Mexique).
Dans sa présentation, Andrés Ruggeri a su faire partager l’ampleur du processus sans esquiver les difficultés et le débat avec la salle a été très riche.
Lors de la seconde, co-organisée avec la Confédération paysanne, en présence d’une soixantaine de participant-e-s, notre camarade Michel Buisson, auteur du livre « Conquérir la souveraineté alimentaire » a présenté les enjeux locaux et internationaux pour y parvenir. Pour lui, les deux niveaux sont indissociables, il est nécessaire de créer un rapport de forces au niveau mondial et sortir l’agriculture de l’Organisation mondiale du commerce, tout en faisant pression sur les gouvernements et en développant les alternatives locales. En effet, le droit du commerce international favorise les pays puissants et les multinationales au détriment de la paysannerie mondiale. Il convient donc d’élargir le mouvement social car les questions de l’agriculture et de l’alimentation concernent l’ensemble de la société.
Fanny Métrat, porte parole de la Confédération paysanne Ardèche, a évoqué, avec une grande verve, les luttes menées localement, nationalement (1 000 vaches, semences) et internationales avec la Via campesina pour modifier le rapport de forces. Elle a rappelé qu’en Ardèche, les alternatives concrètes existent depuis deux décennies et se développent, notamment au niveau des circuits de distribution.
Les deux interventions étaient complémentaires et traduisaient bien la synergie entre nos organisations respectives pour remettre en cause le système et combattre l’agrobusiness qui ne cesse de gagner du terrain.
Ces deux initiatives ont remporté un succès qualitatif et quantitatif indéniable et ont permis de mieux diffuser nos idées et de montrer notre implication et nos pratiques militantes sur les questions de l’autogestion et de la souveraineté alimentaire.
Nous donnons rendez-vous pour le débat qu’Ensemble 07 organise le 10 février sur les alternatives à l’austérité pour le peuple grec en présence de Roxane Mitrallas.
Pour les Alternatifs-Ensemble 07
Richard Neuville