Campagne Stop Tafta : bilan d’étape – propositions
Contribution de Flavia Verri d'Ensemble !
Avec les élections européennes, la campagne a gagné en dynamique puisque l’existence de négociations entre l’UE et les Etats-Unis pour un accord commercial et d’investissement est enfin « révélée au public » ! La première difficulté de cette campagne ayant été l’opacité des gouvernements et la censure médiatique, c’est une bonne chose.
Certes, les discours du FdG et d’EELV, opposés à ce traité et favorables à l’arrêt des négociations, ont permis de briser la loi du silence, cependant la voix du FN y a elle aussi contribué. L’enjeu est de ne pas se faire « doubler » dans la construction de cette campagne, de rappeler que le FN a jusque-là été libre-échangiste et atlantiste, que ses votes au Parlement européen comme à l’Assemblée nationale ou dans les collectivités territoriales ne traduisent jamais une franche opposition aux négociations et au traité.
Mais montrer les contradictions du FN entre le discours et les actes ne suffit pas et les échanges au sein du collectif national Stop Tafta montrent la volonté et la détermination à occuper le terrain avec une campagne dynamique, seule garante d’une éventuelle victoire sur la base de la construction d’un rapport de force à gauche et non à l’extrême droite.
La campagne se construit dans deux directions, complémentaires et qui se juxtaposent sur le terrain.
Poursuite de la phase « d’éducation populaire ».
Cette phase est loin d’être terminée, la diffusion et la mutualisation des connaissances aussi bien sur le contenu du mandat de la commission européenne, que sur les ordres du jour et état d’avancement des différents cycles de négociations doivent encore largement se poursuivre, à commencer dans les réseaux militants.
Pour Ensemble par exemple, il faudrait organiser sur le modèle de ce qu’Attac a fait, des journées d’études spéciales Stop Tafta qui auraient pour objectif de former des militant.e.s venu.e.s de toute la France capables ensuite d’animer des réunions publiques ou d’autres initiatives locales d’autoformation. L’université d’été peut servir à cela ou bien un week-end en septembre qu’il faudrait décider dès maintenant.
Les collectifs locaux enclenchent, comme en 2005 avec le TCE, des processus d’appropriation collective des contenus. Les militant.e.s d’Ensemble, qui participent à ces collectifs, doivent pouvoir savoir où chercher et trouver les informations. Contrairement au TCE, il n’y a pas de texte constitutionnel reçu par tout le monde et qui ne demande plus qu’à être épluché …
Il est évident qu’une campagne d’envergure signifie un renforcement des forces militantes engagées à l’échelle nationale. Ensemble pourrait avoir davantage de militant.e.s investi.e.s dans la construction de la campagne, notamment au sein de l’EAN. Ensemble doit aussi contribuer financièrement à la cette campagne unitaire.
Idéalement, une initiative de formation nationale pourrait être prise par le Front de Gauche tout entier avec au programme une discussion sur son investissement dans le collectif national. Le PC national est par exemple signataire de l’appel mais quasi absent aux réunions unitaires, ce qui fait qu’on ne sait toujours pas si un stand du collectif national Stop Tafta pourra se tenir à la fête de l’Huma, et si un débat unitaires pourrait y être organisé à cette occasion.
L’intérêt porte aussi sur nos alternatives en termes de politiques commerciales. L’expérience latino-américaine de l’ALBA ainsi que le Mandat commercial alternatif sont des exemples de réponses alternatives mais sont-ils connus dans nos rangs ?
La construction d’une majorité hostile visible.
Elle passe par la construction locale de collectifs unitaires. Cela devrait être notre priorité étant donné l’amplitude des organisations constituant le collectif national. Tous les domaines de la vie, des luttes, sont concernés, toutes les générations … Cette campagne pourrait être très rassembleuse d’une (vraie) gauche aujourd’hui quasi moribonde ! Il n’y a que 50 collectifs unitaires (déclarés auprès du collectif national) sur le territoire, comparativement au nombre de collectifs contre le gaz de schiste ou contre l’aéroport de NNDL, ce chiffre est très insuffisant.
Le mot d’ordre de « Référendum » est central mais non repris en tant que tel pour l’instant par le collectif national qui se dirige vers une mobilisation de type pétitionnaire : avec un appel national et/ou une initiative citoyenne européenne (ICE), les discussions sont en cours. La proposition d’une votation citoyenne a aussi émergé, elle pourrait a priori être reprise si la dynamique pétitionnaire est bonne. Le mot d’ordre de Référendum sera d’autant plus audible et percutant que la campagne pétitionnaire marchera. Si le collectif national décide de participer à l’ICE, l’objectif sera de 55500 signatures pour la France, il faudra réussir cet objectif.
Sur les lieux de travail ou dans nos syndicats, il faut commencer à en parler et à faire voter des motions qui s’opposent au Tafta.
Concernant le rapport de force dans la rue, les échéances actuellement en discussion en France et aussi au sein de la coalition européenne sont les suivantes :
une journée européenne de manifestations le 4 ou le 11 octobre (cela dépend des dates du cycle de négociations à Bruxelles, non encore définitivement décidées) – En France : idée de faire des manifestations décentralisées sur environ 10 villes.
une Euromanif à Bruxelles probablement en décembre
une marche nationale sur Paris début 2015
en perspective une journée transatlantique courant 2015 …
La campagne, grâce aux initiatives du Front de Gauche et plus récemment d’EELV, s’est étendue aux élus de collectivités territoriales. Une série de territoires se sont ainsi déclarés hors-Tafta participant à délégitimer le gouvernement qui négocie sur le dos de la population et de ses représentants locaux. Ce mouvement doit se prolonger mais doit éviter de se faire « à froid », comme cela semble arriver dans certaines communes (à l’initiative d’élus du FdG d’ailleurs). Il faut à présent privilégier la stratégie qui consiste à interpeller des élus et mettre la question du Tafta à l’ordre du jour de conseils municipaux sur la base d’une mobilisation préalable de la population, pour se tourner vers ces élus avec la légitimité et la pression d’une action portée par les habitants. Pour les collectivités déjà déclarées « zone hors-Tafta », il faut s’assurer que les moyens communicationnels, la mise à disposition de salles de réunion, sont effectivement facilités pour aider à l’appropriation par la population de la campagne.
Le collectif national s’est doté d’instruments de centralisation de la campagne, avec un site qui répertorie les collectifs locaux et une mailing liste d’échanges d’informations entre ces collectifs. Les modes d’apparition sur les marchés ou autre sont extrêmement diversifiés et riches d’inventivité !
Le collectif national va aussi aider à la construction de la campagne dans la jeunesse. Les jeunes écologistes, qui participent aux réunions du collectif, devraient prendre l’initiative d’impulser une réunion unitaire « jeunes » pour préparer une tournée en septembre sur les facs et sur d’autres lieux qui rassemblent les jeunes.
Ce n’est qu’un début mais contre le Tafta, on ne lâchera pas !