Nous, citoyens, militants pour l’environnement, collectifs et organisations écologistes, associations, partis politiques et syndicats, dénonçons l’échec du Sommet de Copenhague et appelons le gouvernement français et l’Union européenne à soutenir l’initiative Yasuni-ITT en Equateur.
Le projet ITT (sigle venant du nom des trois forages d’exploration qui se
trouvent dans la zone : Ishpingo-Tambococha-Tiputini), porté par des mouvements sociaux, est une des initiatives proposée par
gouvernement équatorien afin de lutter contre le réchauffement climatique global. Il s’agit de ne pas exploiter quelque 850 millions de barils de pétrole situés dans le
Parc Yasuní, une réserve naturelle qui contient une des plus importantes biodiversité dans le monde et qui est habitée par
des communautés indigènes d’Amazonie, les Tagaeri, les Taromenane et les Oñamenane (des peuples indigènes qui vivent en isolement volontaire et qui font partie
de la nationalité Waorani) .
L’Équateur possède une économie basée principalement sur la rente du pétrole qui représente 22,2% du PIB, 63,1% des exportations et 46,6% du Budget Général
de l’État, pour l’année 2008. Les réserves de l’ITT représentent environ 20% des réserves totales connues dans le pays.
C’est donc une manne financière dont un pays aussi pauvre que l’Equateur ne peut se passer. Pourtant, la proposition du gouvernement équatorien est de ne pas
exploiter ces réserves d’énergie fossile, alors que l’exploitation de ce pétrole lourd, pourrait rapporter à l’État entre 5
et 6 milliards de dollars (avec un prix d’environ 70 dollars le baril).
En échange, l’Équateur, partant du principe onusien de responsabilité commune mais différenciée pour les problèmes environnementaux globaux, demande à la
communauté internationale une contribution à hauteur de 50% de la manne financière dont il pourrait disposer s’il exploitait
ce pétrole. En effet, éviter les émissions d’environ 410 millions de tonnes de CO2, favoriser la conservation de la biodiversité en Amazonie, éviter la
déforestation, respecter les droits des peuples indigènes qui habitent cette terre, apportent des bénéfices à l’humanité dans
son ensemble. C’est un pas vers la reconnaissance du climat comme bien public mondial et de la dette écologique des pays les plus pollueurs.
L’échec du Sommet mondial de Copenhague qui devait aboutir à un accord contraignant sur la réduction des gaz à effet de serre, afin de prolonger le Protocole
de Kyoto pour la période après 2012, nous conduit à mettre nos gouvernements devant leurs responsabilités, notamment pour
qu’ils s’engagent à appuyer des initiatives existantes. Le projet ITT représente en effet une amorce de transition écologique pour aller vers un modèle
alternatif de développement non productiviste et respectueux de la «Madre Tierra», de la nature, pour l’Equateur et le reste du
monde.
Il ne s’agit plus de faire des discours d’intention sur les impacts du réchauffement global et du changement climatique. Le monde a besoin d’actions
concrètes et de la mise en place de véritables politiques publiques en matière d’écologie, appuyées sur les mouvements sociaux
et les peuples concernés. Le projet ITT, menacé aujourd’hui par l’absence d’engagements qui conforte ceux qui s’y opposent, est une des premières initiatives
qui va dans ce sens-là ; il représente un exemple pour que l’économie post-pétrolière et la justice climatique deviennent
réalité.
Nous appelons le gouvernement français ainsi que l’Union européenne à suivre l’exemple de l’Allemagne (qui s’est engagée à financer ce projet à hauteur de
50 millions d’euros par an, pendant 13 ans) et à apporter leur contribution, financière afin que l’Initiative Yasuni-ITT puisse
se réaliser. Nous appelons aussi le gouvernement équatorien à poursuivre son projet, en lien avec les mouvements sociaux qui le portent.
Enfin, l’échec des négociations de Copenhague a montré qu’il était plus que jamais nécessaire que l’ensemble des mouvements sociaux et les sociétés se
réapproprient le débat. C’est pourquoi nous nous engageons à nous mobiliser collectivement pour soutenir l’Initiative Yasuni-ITT
et invitons les mouvements sociaux, les mouvements écologistes et plus globalement le mouvement altermondialiste à soutenir cet appel.
La pétition se trouve http://projetitt.vacau.com/wordpress/