Le 2 juin 2012
FSU 07
Avenue de la Gare
07000 PRIVAS
Madame, Monsieur,
Vous nous avez transmis les 12 propositions de la FSU pour l’éducation et nous vous en remercions. Nous sommes bien conscients des enjeux et celles-ci ont retenu toute notre attention. Nous vous transmettons en retour quelques réflexions.
Cordialement,
Pour les candidat-e-s d’A gauche toute ! Osons l’utopie 26/07
Richard Neuville
Réflexions d’A gauche toute ! Osons l’utopie
Nos organisations, sous le quinquennat de N.Sarkozy, ont combattu dans un large front syndical, associatif et politique, les mesures de casse de l’école publique prises par les gouvernements Fillon et les 2 ministres de l’éducation nationale, Xavier Darcos et Luc Chatel. Les 70000 suppressions de postes décidées depuis 2007 ont mis à mal l’Ecole et l’ont affaiblie en augmentant les inégalités scolaires comme le montrent les multiples rapports européens. Les postes supprimés doivent être restitués. Et pour cela, la 1ère urgence pour les élèves et les personnels est donc d’effectuer une autre rentrée que celle qui a été prévue par Luc Chatel. Une loi de finance modificative doit être votée au début de l’été. Les postes ouverts aux concours 2012 doivent tous être pourvus, y compris les listes complémentaires. Un vaste plan de titularisation des personnels précaires doit être mis en route dès septembre.
Cette politique de réduction drastique des moyens a eu des conséquences importantes pour la scolarité des enfants de 2 ans qui est passée d’environ 35% au début des années 2000 à 13% à la rentrée 2011. Or l’on sait que les effets d’une scolarisation précoce sont incontestables et que les apprentissages dans la petite enfance jouent un rôle fondamental, notamment en termes de maîtrise du langage oral et écrit. Il faut faire preuve, selon nous d’un volontarisme politique et inverser le plus rapidement possible la tendance. C’est pourquoi nous sommes favorables à la reprise de la scolarisation possible des enfants de 2 ans dès la rentrée de septembre 2012.
La lutte contre l’échec scolaire ignorée lors du précédent quinquennat doit être pour nous une priorité absolue. Depuis leur création en 1990, les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) animés par des personnels spécialisés de l’Education Nationale (maitres E ; maitres G, psychologues) ont fait leur preuve en termes de pertinence et d’efficacité. Nous refusons la disparition de ces personnels qui pénalisent plus de 250000 élèves sous couvert d’économie budgétaire. Nous sommes au contraire favorables au renforcement de ce dispositif.
Nous sommes ensuite favorables à une grande loi d’orientation et de programmation pluriannuelle incluant bien entendu les recrutements de personnels nécessaires et permettant de rattraper le retard dont est responsable le quinquennat de Sarkozy afin de donner aux élèves et aux personnels de l’Education Nationale les meilleures conditions matérielles d’apprentissage et de travail.
Permettre aux personnels d’exercer leur métier dans des conditions les meilleures passe par des moyens accrus alloués à leur formation continue mais aussi par une réforme de leur formation initiale. Nous sommes favorables au rétablissement d’ une véritable formation professionnelle digne de ce nom : une fois le concours obtenu, les personnels stagiaires doivent pouvoir disposer d’une formation payée, d’une durée de 2 ans, à la fois théorique et pratique dans des lieux spécifiques préparant aux métiers des personnels de l’Education Nationale( type IUFM) et incluant des larges moments d’observation et de prise en charge ponctuelle de classe en étant accompagnés par des tuteurs /tutrices expérimenté-e-s . Leur 1er service en responsabilité personnelle doit être substantiellement réduit n’excédant pas au maximum un mi-temps. L’enjeu de la formation initiale et continue des personnels du service public d’éducation est pour nous capital car il s’agit de leur permettre de mettre en place une réelle démocratisation scolaire.
Les contre réformes engagées sous le quinquennat de N. Sarkozy ont également eu pour but de remodeler profondément l’Ecole : Tout doit être remis à plat, repensé et les chantiers sont nombreux : l’Education prioritaire a été littéralement abandonnée avec la mise en place du dispositif Eclair. La loi d’orientation et de programmation pour l’avenir de l’Ecole votée en Mars 2005, donc antérieure au quinquennat de N.Sarkozy, a conduit à une accentuation des inégalités scolaires pourtant déjà très fortes auparavant. Les outils mis en place par la suite, l’aide individualisée en primaire souvent très mal placée dans la journée et accroissant la fatigue des enfants, inefficace pour les élèves en lourde difficulté, les évaluations en CE1 et CM2, et à titre expérimental cette année en 5ème , les « écoles du socle », le livret de compétences et de connaissances du socle commun, en sont les conséquences et doivent être abandonnés ainsi que la réforme des lycées mise en place à la rentrée 2010 qui a accentué la hiérarchie des filières et multiplié les réorientations des parcours scolaires d’élèves.
Pour nous l’urgence est de donner dès la rentrée 2012 aux élèves, de meilleures conditions d’accueil et d’apprentissage, ce qui implique une baisse des effectifs d’élèves dans des classes souvent surchargées et une augmentation du nombre de postes des personnels.
Et nous souhaitons également la mise en place d’une autre politique éducative, qui réponde aux défis sociaux, écologiques et démocratiques de notre époque et aux aspirations de la jeunesse, des familles et de l’immense majorité de la population de notre pays.
Compte tenu de l’ampleur des chantiers qui sont devant nous, nous somme favorables à la tenue d’un vaste débat citoyen sur la question de la politique éducative à mener. Sur ce point précis, nous attendons donc du gouvernement, non pas qu’il se précipite dans la voie d’une loi d’orientation durant l’été mais qu’il prenne le temps, en lien avec l’ensemble des acteurs de l’Education Nationale- dont font partie les organisations syndicales des personnels- de bien poser les enjeux du débat. L’enjeu essentiel est pour nous, nous le répétons, la priorité absolue à accorder à la lutte contre l’échec scolaire. Cela suppose que la question des contenus, des méthodes d’enseignement, des évaluations soient publiquement posées et débattues par les citoyens. Peut être plus difficile mais tout aussi nécessaire, la question de l’approfondissement des droits démocratiques des jeunes au sein de l’institution scolaire doit également selon nous être posée, immédiatement dans le 2nd degré, rapidement dans le 1er degré
Dans ce débat que nous appelons de nos vœux, nous défendrons le principe d’une école unique de qualité, de 2 à 18 ans, émancipatrice et autogestionnaire, la réorganisation du travail des personnels, notamment enseignant, avec l’intégration de temps de concertation dans leur service actuel sans allongement de la durée de travail ou du temps de présence dans les établissements afin de permettre la constitution de véritables équipes pédagogiques et éducatives disposant de pouvoirs étendus dans les établissements scolaires en alternative aux hiérarchies pédagogiques et administratives qui ont été les vecteurs essentiels du récent remodelage néolibéral de l’école . Et ce sont ces objectifs qui constitueront notre boussole en matière éducative à l’Assemblée nationale.
FSU : 12 mesures urgentes pour l'éducation
Un plan d’urgence dès le printemps 2012, symbole d’une autre politique pour mettre un terme à la destruction de l’École publique française :
1. Rupture avec le dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ; annonce de l’arrêt des suppressions de classes et de postes, du gel des postes dans les universités et les organismes de recherche et d’un plan pluriannuel de recrutements ; arrêt du recours à l’emploi précaire et annonce d’un véritable plan de titularisation (qui intègre notamment les nouveaux métiers statutaires à créer).
2. Mise en œuvre d’une politique de prérecrutements ; à titre transitoire, établissement de listes complémentaires pour les concours de recrutement pour la session 2012.
3. Annonce de l’abandon de la réforme actuelle et mise en chantier d’une autre formation initiale des enseignants, articulant formation professionnelle, accès à la recherche, et formation « académique » de haut niveau au sein d’IUFM rénovés et au rôle conforté ; développement de la formation continue des personnels.
4. Fin de l’assouplissement de la carte scolaire, et engagement d’une réflexion sur une carte scolaire repensée pour viser une réelle mixité sociale et scolaire.
5. Abandon du programme ECLAIR et annonce d’une véritable refondation de la politique d’éducation prioritaire.
6. Premières mesures pour témoigner la volonté de scolariser en maternelle les moins de trois ans pour les familles qui le souhaitent, en priorité dans les zones qui concentrent les plus grandes difficultés.
7. Abandon du livret personnel de compétences ; abandon, au collège, de la structuration de la scolarité par le « socle ».
8. Annonce d’une remise à plat des réformes des trois voies du lycée, en actant notamment le retour à une définition nationale de tous les horaires d’enseignement, en confortant la valeur nationale des diplômes ; arrêt du développement de l’Apprentissage et maintien sous statut scolaire - et sous la tutelle de l’État - des formations initiales professionnelles.
9. Réaffirmation du rôle des COPsy et des DCIO dans la réussite, dans le cadre d’un service public d’orientation scolaire à conforter et élargir au champ du ministère de l’agriculture.
10. Engagement d’abrogation de la loi LRU et du pacte Recherche, et rupture avec la logique d’établissements ou de projets dits « d’excellence » ; engagement de ne pas accroître les droits d’inscription à l’université.
11. Collectif budgétaire pour donner une assise aux décisions et annonces.
12. Droit à l’éducation pour tous les élèves et étudiants sans stigmatisation et sans fichage ; fin des reconduites aux frontières des jeunes sans papiers.