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COMMUNIQUE du 26 janvier 2013
Le projet de loi présenté mercredi dernier par V. Peillon au Conseil des Ministres reste très sommaire. De nombreux points s’inscrivent déjà dans l’acte III de la décentralisation (attribution aux régions de la carte des formations professionnelles, de l’orientation scolaire) ou seront fixés par décrets.
Sur le fond, ce projet de loi s’inscrit dans la continuité des politiques précédentes.
Le socle commun est maintenu dans le primaire et au collège et les inégalités demeureront entre :
- celles et ceux qui n’obtiendront que ce socle, soit « le minimum », malgré les affirmations du ministre,
- et celles et ceux « qui ont du talent » et obtiendront le bac +3 et plus.
Le lycée Chatel reste donc inchangé.
Une refondation qui ne touche pas au fond.
La priorité pour le Primaire est affirmée avec pour certains cas l’application du « plus de maîtres que de classes », mais pour quel contenu réel ?
Mais pour un ministère qui affiche l’ambition de refonder l’Ecole, le silence sur l’Education prioritaire, sur l’utilisation des personnels Rased, sur la formation continue des enseignant-e-s est plus qu’inquiétant.
En n’accordant pas la priorité absolue à la lutte contre l’échec scolaire, ce projet de loi passe à coté de son objet même, « la refondation » de l’Ecole.
La question des rythmes scolaires hebdomadaires ne peut être dissociée ni de celle de la longueur de la journée des élèves ni des contenus à enseigner, ni des méthodes pédagogiques à utiliser et ne devrait en aucune façon conduire à un alourdissement de la charge de travail des enseignant-e-s.
Quant aux finalités éducatives elles gagneraient sans doute à être prises en charge par l’ensemble de la société. Mais il est inacceptable de laisser aux collectivités locales le soin de boucher les trous des emplois du temps des élèves. Comment dans cette situation, ne pas d’un côté, confondre dangereusement ce qui relève du scolaire et du « périscolaire » et d’un autre creuser drastiquement les inégalités territoriales ? Dans cette conjoncture déséquilibrée le pire est à craindre : à savoir la privatisation de certains enseignements.
La formation initiale
Si le gouvernement souhaite restaurer une véritable formation initiale des enseignant-e-s anéantie de fait par la droite, pourquoi alors placer le concours de recrutement au milieu du master et ne laisser ainsi qu’une année à la formation pédagogique ?
Le recrutement
L’attribution des moyens en postes doit restituer les postes supprimés sous le quinquennat de Sarkozy, largement compenser les départs en retraite à venir et tenir compte de la démographie scolaire. C’est une condition sine qua non pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des personnels de l’Education Nationale. De ce point de vue, en l’état, les propositions faites par le ministère de l’Education Nationale sont insuffisantes
Les Alternatifs seront partie prenante des luttes, des initiatives et des débats permettant de faire émerger une véritable refondation de l’Ecole en lien avec la transformation écologique et sociale de la société. Ils y apporteront leur contribution : Pour une école unique de qualité, de 2 à 18 ans, émancipatrice et autogestionnaire, l’approfondissement des droits démocratiques des jeunes au sein de l’institution scolaire, la réorganisation du travail des élèves, des personnels et des enseignants, avec l’intégration de temps de concertation dans leur service actuel sans allongement de la durée de travail ou du temps de présence dans les établissements afin de permettre la constitution de véritables équipes pédagogiques et éducatives disposant de pouvoirs étendus dans les établissements scolaires en alternative aux hiérarchies pédagogiques et administratives qui ont été les vecteurs essentiels du récent remodelage néolibéral de l’école.