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Photo :http://www.pcf.fr/sites/default/files/_ear5403.jpg

 

Avec plus de 1500 participant-e-s à Montreuil, les Assises citoyennes pour changer de cap en France et en Europe ont été un succès incontestable.

 

L'initiative avait été prise par le PCF pour donner suite au rassemblement et à la manifestation pour la VI° république du 5 mai à Paris, avant de devenir une initiative de l'ensemble du Front de Gauche, avec invitation à de nombreuses forces associatives, citoyennes, altermondialistes et syndicales, présentes aux tables-rondes, mais également sur le plan politique à EELV, à la gauche du PS, au NPA.

 

Les tables-rondes thématiques ont été l'occasion d'un dialogue et d'un échange avec la salle, plus compliqué en ce qui concerne la table-ronde n°1 (« quelles ruptures démocratiques et quelle république ? ») par le trop faible temps imparti à cet échange et le nombre important de demandes de parole.

 

Les deux tables-rondes plus généralistes et réduites à une succession de prises de parole devant une assistance très nombreuse ont permis de pointer ce qui fait accord et ce qui fait débat entre les différentes forces représentées, sans aborder vraiment la mise en oeuvre des intentions positives et unitaires affichées.

 

Très significatif était le fait que la participation aux débats incluait à la fois Solidaires, la FSU, la CGT et ATTAC, dont la combativité, la disponibilité à l'action unitaire et aussi, de la part de Solidaires et d'ATTAC, les exigences de relations égalitaires avec les forces politiques et les fortes préoccupations écologiques, ont été exprimées de manière très claire.

 

Sur le plan des contenus, l'impression est contrastée, mais le positif l'emporte :

·         on a remarqué la place modeste accordée aux droits des femmes et au féminisme, ou aux discriminations, ou encore à la démocratie active et à l'autogestion dans les interventions de la tribune dans la première table-ronde, et une participation plus modeste aux deux tables-rondes à thématique écologique, auxquelles participaient JC Coqueret et Roland Mérieux pour les Alternatifs

Une thématique écologique qui pèse de plus en plus dans la société mais qui peine donc encore, dans les faits, à polariser le public d'initiatives du type de ces Assises (et peu mise en valeur dans l'Humanité dans le compte-rendu des Assises)...

·         en positif : le retour dans de nombreuses interventions du thème de la réduction du temps de travail, porté y compris par des militant-e-s du PCF et de la CGT, la présence de l'exigence de la reconversion écologique et des thématiques autogestionnaires -qui intéressent maintenant bien au-delà de la sphère de la gauche alternative-, ou encore la présence de la question du projet de traité transatlantique y compris dans sa dimension culturelle , avec un élargissement du propos de la part de JL Mélenchon s'appuyant sur l'exemple des 33 pays d'Amérique latine ayant dit non (« de l'exception culturelle à l'exception humaine »), et bien entendu le refus général de la financiarisation de l'économie et de la marchandisation généralisée qui continuent leur course folle.

 

Remarquables, et très politiques sur le fond, ont été les interventions de Geneviève Azam (ATTAC) sur le caractère multidimensionnel de la crise globale et de sa dimension écologique, et d'Annick Coupé (Solidaires) rappelant notamment ce qui doit nous guider en terme de référence pour les mobilisations à venir : la magnifique -et victorieuse- campagne citoyenne et unitaire contre le TCE et pour une autre Europe en 2005.

 

On retiendra aussi l'accueil chaleureux d'un public largement acquis à l'intervention première et assez complète de Pierre Laurent (PCF) et dans l'intervention également très applaudie de Clémentine Autain -qui de fait représentait la gauche alternative dans son ensemble- le clin d'oeil bienvenu, dans sa conclusion, à l'appel « Ce monde est insupportable, inventons-en un autre », bien représentatif de la culture politique spécifique de la gauche alternative.

 

Le propos de JL Mélenchon (PG) insistant sur la nécessité de détruire les conditions permettant la montée de l'extrême-droite tombait aussi à pic.

Et on ne pouvait que souscrire à la proposition faite plus tôt le matin par Thierry Brulavoine (CA d'ATTAC) d' « introduire de l'autogestion dans notre mode de vie, pour sortir de la dictature du capital sur la nature ».

 

L'avenir nous dira si ces Assises peuvent être considérées comme fondatrices, dans la perspective d'une majorité alternative à gauche à l'échelle du pays : c'était l'un des enjeux du 16 juin.

 

Le fait qu'elles aient été un peu perturbées par le mauvais accueil réservé à l'intervention en tant qu'hôte de Dominique Voynet, maire EELV de Montreuil -malgré le rappel à l'ordre maladroit d'un des organisateurs-, ou, par moments, aux propos des socialistes Jérôme Guedj et Marie-Noëlle Linemann, ou encore au discours plutôt provocateur de Pascal Durand (EELV), ne doit pas être grossi.

 

Mais, même si on comprend bien que vis-à-vis de D Voynet et de ces invité-e-s, c'est la méfiance vis-à-vis du bilan social-libéral qui s'exprimait, ce comportement d'une partie de la salle laisse perplexe : le retour de la Gauche plurielle ne doit pas faire peur, tant il s'apparente à un fantôme dont on voit mal, dans le contexte de droitisation de la politique du gouvernement Hollande-Ayrault, la mutation en réalité politique tangible...

 

Car c'est bien, au moins en partie, avec ces courants critiques de l'actuelle majorité parlementaire et gouvernementale, que la construction d'une alliance est possible et nécessaire, même si elle est exigeante et peut apparaître comme difficile -comme le montrent les appels du pied plutôt lourds d'EELV à rejoindre l'actuel gouvernement-

 

Mais en partie seulement : une telle alliance devrait -y compris à l'occasion du scrutin municipal de 2014- inclure des composantes hors Front de Gauche et situées à sa gauche, telles que le NPA, les écologistes radicaux, les courants décroissants, et pourquoi pas les libertaires s'ils le souhaitent.

 

Et surtout, une telle alliance devrait se fonder sur un programme de changement de cap et de rupture, et s'ancrer à la base, avec un réseau multiforme d'assemblées citoyennes et de forums citoyens, ouverts à toutes et tous, le but étant de socialiser la politique jusque-là confisquée par une caste largement cynique et corrompue.

 

Au-delà d'une telle alliance, se joue plus profondément la perspective d'un bloc politico-social majoritaire pour la transformation de la société.

 

Les rendez-vous de la rentrée étaient dans toutes les têtes, à commencer par la mobilisation pour la défense des retraites... qui obligera l'aile critique de l'actuelle majorité à clarifier ses positions, dans les actes.

 

Ces Assises ont été un moment de maturation pour cette mobilisation centrale à construire face à une nouvelle contre-réforme de grande ampleur.

 

Le succès de ces Assises s'ajoute à ceux du 30 septembre 2012 et du 5 mai : le Front de Gauche a réussi ces trois démonstrations de force, hors période électorale.

 

C'est le signe qu'il polarise à gauche et qu'il représente un espoir et un élément-clé de perspective politique.

 

Cela ne constitue pas en soi une alternative politique, mais cela peut y contribuer, surtout si le Front de Gauche remet en chantier, en s'appuyant sur les mobilisations indispensables, le travail d'élaboration programmatique et la réflexion stratégique, et s'ouvre davantage à une vraie dynamique citoyenne...

 

Bruno Della Sudda 

Tag(s) : #Front de gauche
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