Ediorial
du Rouge et Vert n° 357
En d’autres temps, la social-démocratie allemande, avec Schröder, avait porté un projet cohérent de régression
sociale : elle n’a pas fini d’en payer le prix.
Le tir de barrage des experts et éditorialistes porte-voix du MEDEF contre le syndicat CGT de l’usine Goodyear d’Amiens Nord illustre bien l’enjeu. Gaëtan de Capèle dans le Figaro : "la fermeture de l’usine d’Amiens résume ce que le syndicalisme radical, retranché derrière une lutte des classes d’un autre temps, peut produire de pire. Parce que, pour s’être opposée à toute réorganisation, à tout plan de départs volontaires et pour avoir systématiquement fait échouer les solutions de reprise, la CGT a fini par condamner le site. Et parce que, au bout du compte, ce sont les salariés, bernés par une poignée d’extrémistes, qui vont payer l’addition." Pour Jean-Marc Sylvestre : "La fermeture annoncée de l’usine Goodyear restera comme la conséquence la plus cruelle de l’archaïsme syndical français soutenue par une démagogie politique particulièrement sophistiquée". Bref les syndicats sont invités, le pistolet de la fermeture des entreprises sur la tempe, à cautionner l’intensification du travail, le passage au 4X8, la baisse des salaires.
Il est temps d’engager une riposte d’ensemble.
Les syndicats ayant refusé l’accord préparent une journée d’action à échéance de quelques semaines, elle doit être
massive pour faire reculer le gouvernement. ATTAC et la Fondation Copernic travaillent à la construction d’un cadre unitaire large pour informer et mobiliser, cadre regroupant associations,
organisations syndicales, partis et courants politiques. C’est la voie à suivre, et les Alternatifs s’associeront à cette démarche.
Enfin, dans le cadre de la campagne contre l’austérité engagée par le Front de Gauche, se pose la question d’une
manifestation nationale pour des alternatives au chômage et à la précarité.
Nous n’opposons pas l’objectif d’une loi contre les licenciements à l’extension des droits des salariéEs, en premier lieu
un droit de véto des travailleur-se-s sur les licenciements, ou à la mise en autogestion des entreprises sacrifiées sur l’autel du profit.
Car face à une menace majeure de régression, cautionnée par le gouvernement, c’est une alternative d’ensemble qu’il faut porter.