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Nous publions ce témoignage de Gilles Lemaire, membre du CA d'ATTAC, qui montre que le processus en cours en Tunisie reste bien incertain. Après avoir renversé Ben Ali, le peuple s'impatiente. Si la démocratisation des institutions et de la justice semble à l'oeuvre, la question de l'approfondissement d'une processus impliquant une nouvelle répartition des richesses et une réelle transformation sociale reste, pour l'instant, hypothétique...

 

Gilles Lemaire *

 

Je reviens d'un bref séjour de 4 jours en Tunisie délégué par Attac France dans le cadre du comité de suivi élargi du forum social maghrébin, qui s'est réuni les 22 et 23 avril. Les impressions décrites ci-dessous doivent être relativisées par la brièveté du séjour. Cette réserve est à prendre en compte, mais j'ai confronté mes impressions par de nombreuses discussions aux analyses de militantEs de l' 'Association des Femmes démocrates, de la Fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) ou de la Ligue tunisienne des droits de l'homme.

 

L'impatience et la déception du peuple

Avant la réunion du comité de suivi durant deux jours nous avons rencontré les habitants, notamment syndicalistes, paysans et jeunes du centre de la Tunisie où se sont déroulées les premières manifestations et où les premiers martyrs sont tombés : que ce soit à Thala, Fériane, Gafsa, Redeyef et Sidi Bouzid, la même impression se dégage.

 

Le peuple est impatient et déjà déçu pour deux types de raisons :

• le taux de chômage est de 30à 40%, plus de 60% pour les jeunes, les chômeurs diplômés, des problèmes cruciaux sont là : accès à l'eau, routes, centres de santé manquent,... et rien ne change !

• Les responsables des assassinats de jeunes, snipers identifiés, ne sont pas poursuivis et jugés. La venue à Gafsa du ministre de l'Intérieur a provoqué de violentes réactions. La police et l'appareil judiciaire sont encore souvent sous la responsabilité d'anciens RCD.

 

Aussi l'impression populaire est qu'à Tunis, ils se désintéressent des régions éloignées de Tunis, ce qui explique les discours violents que nous avons entendu « s'il faut de nouveaux morts contre le gouvernement en place, nous y sommes prêts, nous referons la révolution »

 

http://openfsm.net/projects/maghreb-mashrek/video-du-20-et-21-avril

 

Des nombreuses discussions avec les militants politiques et associatifs tunisiens, engagés de près dans le processus politique de préparation des élections de l'Assemblée constituante, qui auront lieu le 24 juillet, se dégage le constat qu'ils sont conscients des risques de cette situation, mais qu'ils ne savent comment réagir. De plus ils sont très pris du point de vue du temps par la construction du champ politique, par les débats entre partis et par les réunions du Conseil de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique (ISPOR)2, qui a tenu sa première réunion, le 17 mars 2011. Et donc trop souvent ils restent à Tunis et quand parfois certains se déplacent, ils ont boycottés voir bousculés.

 

Cette rupture entre les partis et le mouvement syndical et populaire dans les régions que nous avons visitées est inquiétante. Il est certain que le gouvernement provisoire n'a pas les moyens de politiques ambitieuses, que la révolution n'a eu lieu qu'il y a trois mois mais cette impatience et ce désarroi peut laisser libre la voie à des forces démagogiques voire autoritaires.

 

Le procès de Gafsa

 

Jeudi 21 avril, Mohiedine Cherbib passait en procès à Gafsa. Il avait été condamné par contumace en 2009. Nous sommes allés manifester devant le tribunal (voir l'annexe 4) Ce procès est un pas en avant dans le débat au sein de l'appareil judiciaire.

 

Préparation du forum social Maghreb Machrek

 

Vendredi 22 et samedi 23 avril, près de Tunis s'est réuni le comité de suivi élargi du forum social maghrébin. Plusieurs décisions ou confirmations importantes ont été prises en présence de 85 participants représentants 16 pays et 50 organisations syndicales et associatives :

 

• la deuxième édition du Forum social maghrébin sera élargie au Machrek et aura lieu à Tunis à priori début mars 2012 (à confirmer)

• la proposition du comité de suivi aux instances du FSM est que le forum mondial prévu sur la Palestine se tienne en Egypte plutôt qu'au Brésil.

• Un texte d'appel sur les questions d'immigration à la lumière des révolutions dans les pays arabes a été adopté (voir annexe 5)

 

En guise de conclusion

 

La révolution tunisienne n'est pas terminée ; l'échéance électorale du 24 juillet 2011 sera déterminante sur le plan politique :

• pour apprécier la force réciproque et le positionnement des différents partis et des coalitions qui vont obligatoirement se former vu l'éclatement du champ politique.

• les mois suivants permettrons de constater où se situe le point d'équilibre du parti islamiste Ennahdha et son influence (les estimations vont de 30 à 40%) Ennahda, comme d'ailleurs tous les partis, est traversé de courants différents mais affirme son respect du processus révolutionnaire, du code du statut personnel (l'un des plus favorables aux femmes venant de l'époque Bourguiba)

• mais l'important est d'aider les organisations du mouvement social à se constituer, par exemple d'aider Raid-Attac-CADTM (j'ai regretté l'absence de tout membre de Raid-Attac à la réunion du comité de suivi! et je n'ai pu rencontrer Fathi) ou l'émergence d'un syndicat paysan (avec un membre présent du secrétariat de la Confédération paysanne et Mouhiédine Cherbib de la FTCR, j'ai rencontré des groupes de paysan et débattu de l'aide que nous pouvions apporter) Il ne faut pas oublier que la sortie de la dictature est toute récente, que le régime de Ben Ali interdisait toute expression politique dissonante et pénalisait l'apparition d'organisations autonomes. Le manque de cadres associatifs et politiques est donc immense.

 

La révolution tunisienne a donné le signal aux peuples du monde arabe (Egypte, Libye, Syrie, Yémen,...) mais pas seulement à eux (Burkina Faso,...) que tout était possible quand la peur disparaissait et que le peuple prenait ses affaires en mains. Ces révolutions vont profondément, même si c'est lentement, changer plusieurs perceptions dans le monde occidental et notamment en France : la démocratie et l'aspiration à la liberté ne sont pas des valeurs occidentales, ce sont des valeurs universelles, la guerre des civilisations est une connerie aussi énorme que celle de la fin de l'histoire ! Les peuples du monde arabe3 montrent qu'ils sont en mesure d'ouvrir d'autres chemins entre les régimes intégristes et les dictatures.

 

Choukran au peuple tunisien !

 

Gilles Lemaire, le 24 avril 2011

 

1- Le terme de révolution du jasmin a été utilisé par beaucoup de journalistes en référence à la révolution pacifique des œillets en 1974 au Portugal ; les cactus dans le centre de la Tunisie sont partout, la région est peu arrosée, j'utilise cette image pour évoquer les difficultés de la révolution tunisienne.

2- Le Conseil de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique est notamment chargé de préparer les élections à l'Assemblée constituante qui se dérouleront le 24 juillet 2011. (Voir les annexes 2 et 3)

3- j'utilise cette formule plutôt que celle de peuples arabes à la demande d'amis marocains de l'ATMF pour respecter le désir des peuples berbères notamment

 

 

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Annexes :

 

1- Point sur le processus révolutionnaire du point de vue institutionnel

 

2- Composition initiale du Conseil de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique (ISPOR)

 

3- Premières décisions de l'ISPOR

 

4- Communiqué FTCR-CRLDHT sur le procès de Mohiedine Cherbib

 

5- Appel sur les migrations adopté lors de la réunion du comité de suivi élargi du forum sociale maghrébin

 

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Point sur le processus révolutionnaire du point de vue institutionnel

 

Ben Ali a quitté la Tunisie pour se réfugier en Arabie Saoudite le 14 janvier 2011.

 

Une heure après son départ, le Conseil constitutionnel constatait l'application de l'article 56, qui en cas d'empêchement provisoire du président de la République lui permet de déléguer la plupart des attributions au Premier ministre.

 

Le lendemain 15 janvier en fin de matinée, le Conseil constitutionnel constatait la vacance définitive de Ben Ali et investissait le président de la Chambre des députés, Mr Fouad Mebazaâ, (personnage assez transparent au dire de beaucoup) comme Président par intérim pour une période de 45 à 60 jours.

 

Les 8 et 9 février, respectivement, en vertu de l'article 28 de la Constitution, la Chambre des députés et la Chambre des conseillers ont conféré au Président par intérim le pouvoir de gouverner le pays par décret, sur les questions fondamentales. Le Parlement a depuis cessé de fonctionner.

 

Un débat très vif a eu lieu sur le fait de savoir s'il fallait élire un nouveau président (position notamment du PDP) ou s'il fallait d'abord élire une Assemblée constituante pour ne pas élire un président dans le cadre du régime actuel présidentiel. Ce second point de vue porté par le mouvement populaire, les jeunes, l'UGTT, la LTDH, l'ATFD, et la plupart des partis l'a emporté ce qui a entrainé la mise en place du conseil ISPOR.

 

Nous sommes donc bien du point de vue institutionnel dans une rupture révolutionnaire de la légalité avec l'élection de cette constituante. L'année 2013 est parfois évoquée pour l'élection du président de la République (mais d'ici là …)

 

Le gouvernement provisoire mis en place a été chamboulé par de nombreuses démissions. Le premier ministre tunisien par intérim, Mohamed Ghannouchi, qui avait pris les rênes d'un gouvernement de transition après la chute de Ben Ali le 14 janvier et dont les manifestants réclamaient le départ, a annoncé dimanche 27 février au soir sa démission. Ghannouchi membre du RCD était un proche de Ben Ali.

 

Le président tunisien par intérim, Foued Mebazaa, a annoncé peu après la nomination au poste de premier ministre de Béji Caïd Essebsi, ministre sous Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie indépendante. Réputé pour être un libéral, M. Essebsi a détenu notamment les portefeuilles de la défense et des affaires étrangères. Il a été également président de la Chambre des députés en 1990-1991.

 

Le Président par intérim et le gouvernement seront renouvelés intégralement par l'Assemblée constituante.

 

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Composition initiale du Conseil de de l'instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique (ISPOR)

 

Présidée par Yadh Ben Achour, juriste tunisien, spécialiste des théories politiques islamiques et de droit public. Né dans une famille de lettrés, de magistrats et de hauts fonctionnaires de la haute bourgeoisie tunisoise, il a été doyen de la faculté des sciences juridiques de Tunis. Démissionnaire du Conseil constitutionnel en 1992, c'est un opposant au régime du président Zine el-Abidine Ben Ali. Il enseigne à l'Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman.

 

Des 71 membres initiaux, ce conseil a « grossi » à 155 membres ; sa composition a fait l'objet de discussions entre représentants des associations et partis et Yadh Bean Achour. Je n'ai pas entendu de critiques sur sa composition. A noté que le PCOT a refusé d'y participer.

 

Représentants des partis politiques

1 - Mouvement des démocrates socialistes (MDS): Ahmed Khaskhoussi

2 - Mouvement Ettajdid: Samir Taieb

3 - Parti démocratique progressiste (PDP): Mongi Ellouz

4 - Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL): Mouldi Riahi

5 - Mouvement Ennahdha: Noureddine B'hiri

6 - Parti socialiste de gauche: Bechir Laabidi

7 - Parti du travail patriotique et démocratique de Tunisie (PTPD): Mohamed Jmour

8 - Parti Tunisie la verte: Abdelkader Zitouni

9 - Parti de la réforme et du développement: Mohamed Goumani

10 - Mouvement des patriotes démocrates: Chokri Belaïd

11 - Mouvement des unionistes libres: Béchir Bejaoui

12 - Congrès pour la République: Samir Ben Amor

 

(55 partis ont été légalisés à ce jour)

 

- Représentants des instances, organisations, associations et composantes de la société civile

1 - Union générale tunisienne du travail (UGTT): Moncef Yaakoubi et Ridha Bouzriba

2 - Ordre national des avocats: Saïda Akremi

3 - Association des magistrats tunisiens: Ahmed Rahmouni

4 - Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (LTDH): Mokhtar Trifi

5 - Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD): Sana Ben Achour

6 - Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (AFTURD): Radhia Belhaj Zekri

7 - Ordre national des médecins : Mohamed Néjib Chaabouni

8 - Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT): Amor Mestiri

9 - Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP): Samir Dilou

10 - Association Liberté et Justice: Mohamed Nouri

11 - Syndicat national des journalistes tunisiens: Nejiba Hamrouni

12 - Syndicat national des médecins spécialistes de libre pratique: Faouzi Charfi

13 - Mouvement de modernisation de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat: Kaïs Sallami

14 - Les organisations d'émigrés: Kamel Jendoubi (président d'honneur de la FTCR et Mohamed Lakhdhar Lala (ATF) Tarek Ben Hiba (président de la FTCRT) a été coopté ensuite parmi les 155

15 - Association tunisienne des chambres de notaires: Imed Amira

 

Personnalités nationales

1 Mustapha Filali

2/ Ayachi Hammami

3/ Jalila Baccar

4/ Anouar Ben Gaddour

5/ Mohamed Bousairi Bouebdelli

6/ Farhat Gammarti

7/ Mounir Graja

8/ Mongi Ben Othmane

9/ Mohamed Sghaier ouled Ahmed

10/ Ibrahim Bouderbala

11/ Abdelaziz Mzoughi

12/ Abdessatar Ben Moussa

13/ Abdeljalil Bouraoui

14/ Moncef Ouanes

15/ Abdelhamid El Arguech

16/ Sofiane Belhaj Mohamed

17/ Hedia Jrad

18/ Ali Mahjoubi

19/ Mokhtar Yahyaoui

20/ Abdelmajid Charfi

21/ Mahmoud Dhaouadi

22/ Mohamed Bouzghiba

23/ Sami Jerbi

24/ Noura Borsali

25/ Dorra Mahfoudh

26/ Khadija Cherif

27/ Zeineb Farhat

28/ Lazhar Akremi

29/ Hela Abdeljawad

30/ Mohsen Marzouk

31/ Latifa Lakhdar

32/ Houcine Dimassi

33/ Mongi Miled

34/ Adnane Hajji

35/ Samir Rabhi

36/ Samia Bekri

37/ Alia Cherif

38/ Ahlem Belhaj

39/ Kalthoum Kannou

40/ Gilbert Naccache

41/ Mustapha Tlili

42/ Sophie Bessis

 

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Décisions de l'ISPOR sur le processus électoral

 

L'ISPOR a notamment défini le processus électoral qui doit conduire à l'élection de l’Assemblée constituante le 24 juillet 2011.

 

L'élection se fera au scrutin proportionnel de listes dans le cadre des 24 gouvernorats plus d'une région des émigrés (le principe du droit de vote avec la double nationalité a été reconnu aux émigrés tunisiens)

 

Les listes seront obligatoirement paritaires un homme une femme, ou une femme, un homme.

 

Une commission nationale indépendante pour l'organisation des prochaines élections sera mise en place en vue de superviser les élections en collaboration avec l'ONU, l'Union Européenne et des experts ; le nom de Kamel Jendoubi, président de la FTCR, (vivant en France et un ami) comme président de cette commission circule.

 

Les responsables nationaux et régionaux du RCD depuis sa création (23 anse) sont interdits de présentation sur les listes pour l'élection de l'Assemblée constituante.

 

Le gouvernement et le président intérimaire seront remplacés par l'Assemblée constituante.

 

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L’acquittement de Mohiedine Cherbib, premier pas vers l’indépendance de la justice tunisienne

 

Lors d’une audience du tribunal de Gafsa le 21 avril 2011, concernant l’opposition à la condamnation de notre camarade Mohiédine CHERBIB à deux ans et quinze jours de prison par contumace pour délits de solidarité avec le mouvement  social du bassin minier de Gafsa – Redayef les juges ont prononcé l’acquittement.

 

La FTCR et le CRLDHT saluent cette décision courageuse des juges de Gafsa qui est un premier pas vers une justice indépendante et équitable.

 

La FTCR et le CRLDHT ont tenu à faire opposition du jugement par contumace contre Mohiédine CHERBIB malgré la promulgation d’une amnistie générale pour permettre à la justice de faire un premier vers son indépendance.

 

La FTCR et le CRLDHT tiennent à remercier tous les amis qui nous ont manifesté leurs soutiens durant cette épreuve, elles saluent les magnifiques plaidoiries des avocats.

 

Enfin la FTCR et le CRLDHT expriment leurs gratitudes aux militants et aux associations et syndicats de France, du Maroc, de l’Algérie, de la Libye, du Sahara, de la Belgique, du Canada, de Palestine qui se sont déplacés à Gafsa pour soutenir notre camarade.

 

Pour la FTCR et le CRLDHT, Tarek BEN HIBA, Tunis le 22 Avril 2001

 

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Déclaration sur les migrations

 

Les associations réunies dans le cadre du forum social Maghreb-Machrek les 22 et 23 avril 2011 en Tunisie ont examiné la question des migrations dans le contexte révolutionnaire dans le monde arabe.

 

Elles font le constat suivant :

• l'exode du à la guerre de dizaines de milliers de migrants de différentes nationalités depuis la Libye vers l'Egypte et surtout vers la Tunisie,

• l'émigration de 20 000 tunisiens vers l'Europe, permis par le refus momentané du Gouvernement tunisien de jouer les gendarmes de l'Union européenne,

• le refus d'accueillir ces migrants par l'Union européenne, qui montre ainsi son aveuglement, ignorant des révolutions dans le monde arabe,

• la suspension française des accords de Schengen, autorisée par l'Union européenne ce 23 avril, qui est une attaque supplémentaire à la liberté de circulation.

 

Les associations exigent :

• la libre circulation dans l'espace méditerranéen,

• un accueil digne dans le cadre d'une protection temporaire,

• et le refus de toute expulsion.

 

Les associations demandent en conséquence la suspension et la renégociation de tous les accords de réadmission, dont les accords de gestion concertée. Il est temps également de ratifier et d'appliquer effectivement la convention internationale de protection des migrants et de leurs familles.

 

Les associations considèrent que le soutien aux révolutions de la rive sud de la Méditerranée et aux exigences des peuples passe également par un accueil conséquent de migrants et de réfugiés. Ce soutien exige aussi une lutte ferme contre toute forme de discrimination, de racisme et d'islamophobie, la valorisation de la citoyenneté sur les deux rives et la réparation de l'exploitation éhontée des migrants, avec ou sans papiers, en Europe durant des dizaines d'années.

 

Les associations réunies lancent un appel à la constitution d'une coordination permanente dans le cadre du forum social maghrébin pour créer et soutenir les mobilisations nécessaires.

 

Tunis, le 23 avril 2011

Tag(s) : #Opinions - Idées
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