L’objet du Forum Alternatif mondial de l’Eau (FAME) est de construire une alternative concrète au VIème Forum
Mondial de l’Eau (FME) organisé par le Conseil Mondial de l’Eau, organe des sociétés transnationales et de la Banque Mondiale qui prétend s’arroger la gouvernance mondiale de l’eau.
Un Forum Alternatif Mondial de l’Eau face au Forum des Marchands d’Eau
Le Forum Alternatif Mondial de l’Eau est un espace de rencontre ouvert visant à approfondir la réflexion, le débat
d’idées démocratique, la formulation de propositions, l’échange en toute liberté d’expériences, et l’articulation en vue d’actions efficaces, d’instances et de mouvements de la société civile
qui s’opposent à l’exploitation des ressources en eau dans une logique de profit par les sociétés capitalistes, mais aussi quelquefois publiques, et militent pour une gestion écologique,
sociale et citoyenne de ces ressources, leur préservation et leur juste répartition entre les différents usages.
Le Forum Alternatif Mondial de l’Eau réunit et articule des instances et mouvements de la société civile de tous les
pays du monde, mais ne prétend pas représenter tous ceux qui luttent pour la préservation de la ressource en eau et sa gestion écologique et citoyenne.
Du 14 au 17 mars 2012 le FAME se tiendra à Marseille.
Infos, programme sur www.fame2012.org/fr/
Communiqué d’Attac France
Avec le soutien du gouvernement français et de
nombreuses collectivités publiques, les multinationales de l’eau tiendront un Forum Mondial de l’Eau (FME) du 12 au 17 mars 2012 à Marseille. Ce Forum des marchands d’eau est là pour organiser
et renforcer la privatisation et le contrôle d’un élément essentiel à la vie. Ce forum n’est pas légitime, raison pour laquelle Attac et de nombreux partenaires nationaux et internationaux
tiendront un Forum Alternatif Mondial de l’Eau (FAME) du 14 au 17 mars, à Marseille, donnant à voir les alternatives pour se doter de moyens garantissant un accès à une eau de qualité pour
tou(te)s sur la planète.
Récemment interrogé, le gouvernement français, par la voix de M. Benoist Apparu, secrétaire d’État à l’écologie, a
dit « regretter l’organisation de forums alternatifs qui ne pourront pas créer les conditions d’un véritable débat au sein du Forum mondial de l’eau ». C’est pourtant la structure même du
Conseil mondial de l’eau (CME), organisateur du FME, qui fait que ce dernier ne peut être le lieu d’un véritable débat. Association d’entreprises, de professionnels, d’institutions
gouvernementales ou intergouvernementales, le CME est un organisme privé qui entend s’arroger le directoire mondial de l’eau pour favoriser la marchandisation de ce bien commun.
L’accaparement de ce bien commun par les multinationales a aggravé la crise de l’eau et les « objectifs du Millénaire
» en matière d’eau potable et d’assainissement ne seront pas atteints. La principale raison n’est pas le manque d’eau : accaparée par les multinationales, l’eau est gaspillée et exploitée
avec un objectif strictement financier, privilégiant la rentabilité des investissements et les technologies fortement consommatrices, au détriment de l’accès à l’eau pour tou(te)s. Et cela,
même si l’ONU vient de reconnaître cet accès comme un droit humain fondamental. Partout, en France, en Italie et jusqu’en Bolivie, des luttes populaires et des alternatives citoyennes
démontrent que l’emprise des multinationales sur l’eau n’est pas une fatalité.
L’objectif du CME n’est pas de donner de l’eau à ceux qui en manquent, mais d’en vendre d’avantage à ceux qui peuvent
la payer : sur quelle base un dialogue pourrait-il donc s’installer quand les objectifs sont aussi opposés ? Si Attac, en association avec d’autres organisations de la société civile, s’est
engagée dans la préparation du FAME c’est parce qu’il fallait un lieu où puissent se rencontrer ces luttes, s’exprimer les aspirations des peuples à reprendre en main leur bien commun,
s’échanger les expériences et affirmer l’absence totale de légitimité du CME pour gérer la politique mondiale de l’eau.
Le gouvernement français, qui a fourni 4 millions d’euros sur les 16,5 millions de financement public du FME (sans
compter les 6,9 millions de Veolia, Suez, EDF et de la CCIM), a décidé de ne pas soutenir financièrement le FAME. Par ce geste, le gouvernement prend clairement parti pour les
multinationales, montrant le peu de considération qu’il a pour toutes celles et tous ceux qui sont victimes des agissements de ces marchands d’eau et qui agissent pour la réappropriation
citoyenne de l’eau et la redéfinition d’un véritable service public. Le gouvernement dit vouloir « organiser des passerelles entre le Forum et le Forum alternatif ». Tant qu’il ne mettra pas
un terme à son soutien à ces multinationales, ces passerelles ne pourront pas se construire.
Le FAME s’est donné une charte de principes et nous appelons toutes celles et tous ceux qui s’y reconnaissent à
rejoindre ce forum pour renforcer les résistances et élargir les alternatives déjà existantes. Ceux qui ne retrouveront pas leurs valeurs dans le FME seront les bienvenus, mais il ne saurait
y avoir de passerelle entre le FAME et le Forum des marchands d’eau.
ATTAC, le 23 février 2012