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Les 13 et 14 avril dernier se tenait le 1er forum ardéchois sur la transition écologique et énergétique à Villeneuve de Berg, là où deux années plus tôt avait eu lieu la grande mobilisation contre l’exploration et l’exploitation de gaz de schiste, qui avait rassemblé plus de 15 000 personnes. Mobilisation qui allait inciter le gouvernement d’alors à légiférer sur la fracturation hydraulique en juillet 2011, sans pour autant remettre en cause l’attribution des permis aux entreprises. Ce n’est que la poursuite de la mobilisation qui allait contraindre Madame Kosciusko-Morizet, ministre de l’Environnement, à annoncer l’abrogation de trois permis dans le Sud-est (dont celui de Villeneuve de Berg) sur soixante-quatre en octobre 2011. Pour autant, la mobilisation et la vigilance locales n’ont pas faibli puisque quelques communes du sud-Ardèche et du Gard restent concernées par un autre permis d’exploitation d’huiles de schiste (Plaine d’Alès).
Ce forum
s’inscrivait dans la continuité de cette mobilisation. En effet, le collectif organisateur du forum est l’émanation même de la commission transition écologique et énergétique créée fin 2011 au
sein du collectif 07 Stop au gaz et huiles de schiste.
Pendant 9 mois, le collectif 07 Transition écologique et énergétique (TEE), qui rassemble des citoyen-ne-s et une cinquantaine d’organisations a travaillé pour préparer cette initiative, qui est d’une certaine manière un prolongement de la Convergence citoyenne pour une transition énergétique organisée à Lézan en août 2011. Par contre, le collectif n’a pas souhaité s’inscrire dans le cadre de la Conférence environnementale et le débat national sur la politique énergétique initié par le gouvernement actuel dont la feuille de route ne dépasse guère le stade des bonnes intentions de la convention de Aarhus et se cantonne à « améliorer la gouvernance environnementale » en préconisant notamment une « rationalisation des procédures environnementales ».
Les Alternatifs 07, investis depuis l’origine dans les deux collectifs, saluent le processus qui a permis de passer d’un front de refus à la recherche et la construction d’alternatives. Ce forum a été précédé de plusieurs débats locaux dans les communes et certaines ont créé des commissions extra-municipales, d’autres s’apprêtent à se déclarer en transition et à développer des expérimentations. A l’approche des élections municipales de 2014, le thème devrait irriguer le débat public en Ardèche méridionale.
Au cours de ces deux journées, près de 4 000 personnes sont passées sur le Village des Possibles, ont assisté aux séances de théâtre, concerts ou ont participé à la trentaine de débats et d’ateliers proposés. Les Alternatifs avaient inscrit un atelier sur les « défis démocratiques de la transition écologique et énergétique »*. Celui-ci s’est déroulé en deux temps : le samedi après-midi avec des interventions de partenaires politiques et le dimanche matin consacré à l’approfondissement des problématiques. Corinne Morel-Darleux (Parti de gauche), Henri Delauche (PCF), Dominique Malvaud (NPA) et Laurence Lyonnais (Gauche anticapitaliste – qui intervenait également au nom de la FASE, GU et des Alternatifs) ont pu développer les réflexions de leurs organisations et lancer les débats qui ont été très riches et bien fréquentés.
Cet atelier a notamment permis de débattre de l’articulation entre les niveaux national et local en termes de production et de distribution d’énergie (articulation entre un service public national et des régies publiques ou coopératives locales) et leur exclusion de la sphère du marché ; de la prise en compte des besoins sociaux et d’une péréquation indispensable au niveau national ; de la nécessaire convergence des luttes sociales et écologiques ; de la remise en cause de la logique productiviste « décontamination au productivisme » ; de la reconversion écologique de l’industrie ; des contre-plans alternatifs et de la nécessité d’engager des réflexions citoyennes au niveaux des territoires « syndicats du bien-vivre » ; de l’articulation entre la démocratie représentative et la démocratie directe (budgets participatifs) ; enfin de la nécessité d’engager des expérimentations sur les territoires sans attendre les décisions publiques nationales.
Dans la suite des discussions engagées depuis plusieurs mois, les Alternatifs avaient également convié leurs partenaires ardéchois de « Tous ensemble » à se regrouper sur un même stand.
Le forum s’est conclu sans déclaration finale mais des synthèses d’atelier en plénière ont permis de mesurer la richesse des échanges sur le nucléaire, la précarité énergétique, les transports collectifs et les déplacements, les jardins partagés, l’artificialisation des sols et l’accaparement des terres à la maîtrise du foncier, les biens communs, l’aménagement des territoires, les changements climatiques, l’agriculture nourricière, l’autonomie énergétique, etc. Un bilan sera tiré le 7 mai pour décider des suites. La transition écologique et énergétique n’en est qu’à ses prémisses, il convient d’accélérer les processus. Nombre de participant-e-s à ce forum en sont intimement convaincu-e-s et ne souhaitent pas attendre les hypothétiques décisions gouvernementales.
Richard Neuville
Voir les articles introductifs :
« Transition énergétique : les défis démocratiques », consultable sur :
http://alternatifs0726.over-blog.com/article-transition-energetique-les-defis-democratiques-115879754.html et « La transition énergétique : levier vers un nouveau modèle de développement » :
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